La grive draine
D’aspect robuste et bien proportionnée, la grive draine ne craint pas de chanter au sommet d’un arbre pendant les tempêtes hivernales. Son chant n’a ni le moelleux de celui du merle, ni le phrasé élégant de celui de la grive musicienne, mais il porte loin, et ses notes flûtées sont sans doute ce que l’on peut entendre de plus mélodieux par une morne matinée de janvier.
La grive draine est une nicheuse précoce, et, dès la fin février, le nid volumineux exposé à tous les vents dans les hautes branches d’un arbre dénudé peut contenir des œufs. La grive draine, d’ordinaire farouche et méfiante, devient alors violemment agressive : sa détermination suffit à mettre en fuite un chat en maraude ou à déconcerter un épervier.
Après la reproduction, les grives draines mènent une vie erratique et parcourent la campagne à la recherche des baies, dont elles sont si friandes, surtout celle du gui, mais aussi celles de l’if et de l’aubépine…Elles attirent l’attention par leurs cris rauques. En vol, la grive draine replie ses ailes à intervalles réguliers, et leur dessous blanc apparaît et disparaît tour à tour.
La grive draine est la plus grande grive d’Europe. Il lui faut un vaste territoire car elle est agressive ; elle n’est donc jamais très abondante. On l’appelle aussi grive du gui parce qu’elle mange les baies de cette plante parasite et contribue à la disséminer : les graines, non digérées, sont expulsées avec les fientes et germent où elles tombent.