À l’image du plus grand soliste des passereaux – le rossignol philomèle -, la fauvette à tête se caractérise par un plumage des plus sobres, pour ne pas dire terne…
En effet, le dessus du corps, ailes et queue comprises, est brun gris assez froid. Le mâle est un plus gris que la femelle qui, elle, est plus rousse. Celle-ci possède d’ailleurs une calotte bien rousse, tandis que celle du mâle est noire. Le bec est gris clair et les pattes noires. L’œil rond, noir est assez gros, ce qui lui donne une expression plutôt douce.
Vivre dans les milieux ouverts
La fauvette à tête noire ne se montre pas beaucoup. Elle vit le plus souvent cachée dans l’épaisseur des buissons, dans des milieux plutôt fermés telle la lisière des bois. Comme elle est de couleur terne, elle est d’autant moins visible, sauf si on la cherche spécifiquement lors d’une promenade ornithologique.
La vie de famille
Au cœur du printemps, dans les buissons épais, femelle et mâle vont entreprendre la construction du nid, bien caché dans le feuillage. Il est constitué d’herbes, de racines, de toges, de feuilles entremêlées avec des fils d’araignées, de mousse, de poils ou de cheveux.
L’ouvrage terminé, la femelle y dépose de 4 à 6 œufs, de couleur variable, mais globalement blancs avec des marbrures ou des tachetures. Les deux parents les couvent pendant 10 à 16 jours. À l’éclosion, les oisillons sont nourris également par le mâle et la femelle. L’envol a lieu de 8 à 14 jours plus tard
Un menu toujours identique
Comme nombre de sylviidés, la fauvette à tête noire est un insectivore au sens large. En temps normal, elle se nourrit de toutes les petites bêtes qu’elle croise sur son chemin : collemboles, éphémères, libellules, sauterelles, papillons, mouches et autres diptères, guêpes, abeilles et bourdons, coccinelles, carabes, mais également des espèces comme les araignées, les acariens, les mille-pattes sans oublier, limaces, escargots et vers de terre ! À la fin de l’été et en automne, elle diversifie un peu la palette d’alimentation. En effet, elle a besoin de faire des réserves avant d’accomplir une migration qui mène certains oiseaux jusqu’en Afrique tropicale.C’est alors qu’elle ajoute à son menu des fruits d’arbres sauvages comme ceux des rosiers, des viornes, des sureaux, des argousiers, sans oublier les plus gros : poires, pommes, figues et prunes. Ces sucres ingérés en grande quantité vont se transformer rapidement en graisses dans son organisme et lui permettre alors d’effectuer sa migration.
Un voyage périlleux
Dès le mois d’août, les premières fauvettes à tête noire commencent à se mettre en route pour rejoindre leurs quartiers d’hiver. En France, les oiseaux venus du nord et les nicheurs locaux d’une bonne moitié nord du pays prennent une direction sud à sud-ouest. Beaucoup vont hiberner autour de la Méditerranée. Mais pour celles qui vont jusqu’en Afrique tropicale, le voyage est autrement plus difficile : après la traversée de l’Espagne ou même de la mer Méditerranée, le survol du Sahara constitue la seconde étape. Redoutable – et parfois mortelle- pour celle qui n’a pas les réserves de graisse suffisantes pour faire le voyage sans escale. Dans ce cas, l’oiseau doit se poser dans une oasis, en espérant d’une part en trouver une et que d’autre part celle-ci lui offre des ressources alimentaires qui lui permettront de poursuivre sa migration. Au printemps, ces grands migrateurs effectuent un trajet identique, avec les mêmes risques lors des traversées du Sahara puis de la Méditerranée.
Fiche d'identité
- Nom commun : Fauvette à tête noire
- Nom scientifique : Sylvia catricapilla
- Ordre : Passereaux
- Famille : Sylviidés
- Taille : de 13,5 à 15 cm
- Poids : de 14 à 20 g
- Nombre d’espèces : il existe 17 espèces de fauvettes du genre Sylvia en Europe.
- Habitat : buissons, mais surtout milieux arborés : parcs, jardins avec de grands arbres, bois, forêt. En migration, fréquent souvent les buissons.
- Régime alimentaire : insectivore, baies en automne.
- Reproduction : d’avril à juillet. De 4 à 6 œufs, couvés durant 10 à 16 jours par le couple. Envol des jeunes entre 8 et 14 jours. Souvent deux couvées.
- Observation : les populations migratrices reviennent dès le mois de mars. Un passage printanier a lieu jusqu’en mai et concerne les oiseaux nichant aux plus hautes latitudes. Passage d’automne d’août à début novembre.
- Distribution : l’espèce niche dans toute l’Europe, mais aussi en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en partie en Asie centrale et dans le nord de l’Iran.