La gallinule poule d’eau, entre la rive et l’eau

Craintive, certes, mais bien moins secrète que la plupart des Rallidés, la poule d’eau se laisse volontiers surprendre, au bord des rivières, des étangs, nageant silencieusement. Devant trop d’insistance, elle se faufile vers la végétation dense du rivage pour s’y cacher.

Elle s’adapte avec ténacité, à la présence humaine, et peut s’installer au bord des plans d’eaux ornementaux qui lui fournissent des habitats propices. Elle choisit de préférence les étangs ou rivières bordés d’arbres ou d’une haute végétation, plutôt que les milieux ouverts exposés au vent, et préfère les rives calmes aux berges agitées de remous.

Picorer-ci, picorer-là...
À table, la gallinule est électrique : aux insectes et larves, se mêlent toutes sortes de graines et de fruits, feuilles, tiges tendres et boutons floraux de plantes poussant dans l’eau, comme les massettes, phragmites, carex…

La gallinule poule-d ‘eau se nourrit en nageant, piquant de tout côté ou immergeant sa tête pour attraper une herbe ou un insecte aquatique. Elle plonge rarement. Si quelques potamot, nénuphar ou autre plante flottante lui offre ses larges feuilles, elle se hisse et marche ainsi sur l’eau, légère et précautionneuse, tout en s’emparant des proies à sa portée.

La pioche se poursuit à terre, dans la vase ou entre les herbes, parfois même en escaladant les feuilles, ou en équilibre sur une tige avec force battements d’ailes. Au crépuscule, la poule d’eau s’aventure dans la prairie ou le champ voisin pour picorer encore graines, vers de terre, araignées et larves, mais jamais loin du couvert végétal où elle se réfugie à la moindre alerte.


Installations, aménagements, réparations...
À la fin de l’hiver, les mâles définissent leur territoire avec force querelles de voisinage, cris et prises de bec. La femelle qui s’approche sera accueillie par le mâle d’un chant peu sonore, ponctué de plongeons du bec dans l’eau.

De tendres bécots sur la tête et le cou s’échangent, suivie de révérences mutuelles. Le couple peut durer d’une année sur l’autre, ou se défaire en fin de saison. Pour marquer son territoire, le mâle a d’abord édifié une plate-forme de parade amarrée aux roseaux. Plus tard, mâle et femelle construisent ensemble le nid proprement dit : situé sur une plateforme flottante, ou parmi la végétation émergée du rivage, il est parfois perché sur un buisson, ou même dans un arbre !

Un amas de branchettes, tiges de roseaux et autres en constitue la base, sur laquelle le couple installe une litière de feuilles et d’herbes sèches. Cet édifice sera sans cesse réparé et amélioré pendant la couvaison.


Une ribambelle de poussins noirs
L’éclosion est annoncée par des pépiements dans les œufs. Les poussins en sortent couverts d’un duvet noir, la tête presque chauve, déjà capables de sortir du nid, mais pendant un ou deux jours, ils y restent à l’abri, jusqu’à la fin des éclosions.

Ensuite commencent les expéditions familiales entrecoupées de longues siestes. Les parents ont aménagé entre temps plusieurs aires d’élevage, où poussins et adultes se réfugient et se reposent. Le nid proprement dit, débarrassé des coquilles et remis à neuf, servira pour les pontes suivantes. En attendant, la famille s’aventure sur l’eau ou explore les rives, chaque parent entraînant quatre ou cinq poussins à sa suite.


Débrouillards et solidaires
Très tôt, les poussins tentent d’imiter les adultes dans la recherche de nourriture – ils se nourrissent pratiquement eux-mêmes à partir de leur quatrième semaine -, mais aussi dans des gestes plus insolites, comme l’apport de matériaux sur les reposoirs.

Indépendants vers six semaines, les jeunes ne sauront voler que vers trois mois : ils demeurent dans les parages et aident volontiers leurs parents à prendre soin de la nichée suivante. C’est ainsi que l’on peut observer des poussins nageant derrière de jeunes poules d’eau à la livrée brune.

Alors que le couple reste cantonné sur son territoire, les jeunes d’un même d’un même secteur se regroupent durant l’été. Jusqu’en automne, des liens particuliers persistent entre jeunes apparentés, qui s’échangent de la nourriture ou se lissent mutuellement les plumes.


Sédentaires ou migratrices
Solitaires – par couple – au moment de la reproduction, les gallinules poule-d’eau forment des bandes mêlant jeunes et adultes, pour se nourrir, en hiver. Là où le climat est trop rude, elles migrent vers le Sud en septembre-octobre.

Elles volent seulement la nuit, et s’installent dès qu’elles trouvent des plans d’eau propices, là où le gel ne les prive pas des ressources aquatiques. Malgré leur répugnance à s’exposer en vol dans leur vie sédentaire, les poules d’eau volent avec aisance et rapidité une fois que l’élan est pris pour un mouvement migratoire. Les pattes allongées derrière la queue – et non pendantes comme lors des petits déplacements – marquent alors leur silhouette sombre.


Fiche d'identité

  • Nom commun : gallinule poule-d’eau, poule d’eau
  • Nom scientifique : Gallunula chloropus
  • Ordre : Gruiformes
  • Famille : Rallidés
  • Taille : de 32 à 35 cm
  • Poids : de 250 à 400 g
  • Nombre d’espèces : une dizaine d’espèces du genre Gallinula, et de nombreuses sous-espèces de Gallinula chloropus.
  • Habitat : niche dans les roselières des étangs et marais, au bord des rivières calmes, des plans d’eau des parcs.
  • Régime alimentaire : omnivore : herbes aquatiques, graines, fruits et divers petits animaux.
  • Reproduction : sur un nid d’herbes aquatiques, au sol ou flottant, ponte de 5 à 9 œufs beiges tachetés de brun roux. Couvaison environ 21 jours, poussins nidifuges nourris par les parents durant environ 3 ou 4 semaines. 2 ou 3 couvées.
  • Observation : facile.
  • Distribution : espèce largement répandue en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, aux Antilles, en Asie du Sud et dans certaines îles du Pacifique.