La huppe fasciée, une belle apparition

Oiseau migrateur, la huppe fait son apparition fin mars ou début avril dans les campagnes ouvertes de l’Europe tempérée avec une préférence pour les régions méditerranéennes. Elle apprécie les terrains onduleux ou plats, plutôt secs. Son habitat typique est le bocage aux prairies bordées de haies, ponctuées de bosquets, cernées de murets…Dans le sud de l’Europe, elle fréquente souvent les vignes, les vergers et les oliveraies, dont elle arpente le sol. Farouche, discrète, elle s’envole à toute approche et se réfugie dans les arbres. C’est donc le plus souvent de loin que le promeneur l’aperçoit, alerté par son appel à longue portée ou attiré par son vol bigarré et onduleux, semblable à celui d’un papillon géant.

La chasse au sol
Lorsqu’elle se pose, la huppe déploie rapidement sa coiffe, ponctuant son atterrissage d’un petit coup d’éventail. Elle passe l’essentiel de son temps au sol, où elle est difficile à repérer. Elle déambule silencieusement dans l’herbe, avec des brusques changements de direction, piochant du bec tantôt à droite, tantôt à gauche.

Sa nourriture est composée principalement de gros invertébrés : grillons délogés entre les pierres, sauterelles, scarabées, fourmis, courtilières, papillons, mouches, araignées, mais aussi limaces, mille-pattes ou escargots. Son bec long et courbe est l’instrument idéal pour fouiller l’herbe et pour extirper les larves des coléoptères enfouies dans la terre ou dans les déjections des mammifères.

Une parade huppée
Durant le mois d’avril, de petits groupes d’une demi-douzaine de huppes peuvent fréquenter le même secteur…mais bientôt, l’instinct territorial sépare ces arrivants et la distance nécessaire entre les territoires est marquée par l’appel du mâle, « houp-houp-houp » qui porte loin.

Ce chant retentit sans cesse, le temps que dure la formation des couples, au début de la saison. La femelle attirée est invitée à inspecter le site choisi pour le nid. Le mâle lui offre des insectes et une poursuite courtoisie, ponctuée de cris rauques, schrêê, s’engage. Elle entraîne les amoureux de branche en branche puis sur les pelouses voisines, jusqu’à ce que la femelle accepte l’offrande et consente à l’accouplement, sous les ailes déployées du mâle.

Un nid dans un trou
C’est dans le trou d’un vieil arbre, dans une ancienne loge de pic, dans les interstices d’un mur ou même dans un simple tas de pierre, que le mâle choisit d’installer le nid, souvent à moins de trois mètres de hauteur. La huppe consent aussi à investir un nichoir adapté, pourvu d’une entrée d’au moins 4 à 5 cm de large. Naturel ou artificiel, le nid n’est qu’une niche sommaire où la femelle dépose des œufs, le plus souvent sans y avoir apporté le moindre brin d’herbe ou de mousse pour améliorer le confort.

Cinq à huit œufs ovales, de couleur grisâtre, sont pondus jour après jour. Ravitaillée au nid par le mâle, qui lui apporte ses repas de chenilles et sauterelles, la femelle ne quittera son poste que quelques instants par jour, durant au moins trois semaines, le temps de couver ses œufs, environ 17 jours, et d’ensuite assurer le chauffage des poussins.

Des poussins frileux
Les oisillons naissent couverts d’un maigre duvet blanc. Ils sont tenus au chaud par leur mère, qui leur transmet les becquées apportées continûment par le mâle. Vers l’page d’une semaine, les fourreaux des futures plumes sortent, donnant aux poussins une allure hérissée qu’ils gardent jusqu’à environ 18 jours, quand émergent les plumes.

La femelle n’est plus au nid : elle participe avec le mâle à une intense chasse aux insectes pour nourrir sa progéniture. À partir de 22 ou 23 jours, les jeunes, entièrement emplumés et dûment « huppés », tentent leurs premières sorties. Au fil des jours, ils reviennent moins au nid et sont nourris en vol aux alentours…et vers l’âge de 28 jours, l’élevage est fini. Le couple entreprend parfois, une seconde nichée, souvent dans le même nid.

Un départ discret
Dès la mi-juillet dans les régions les plus au nord, les huppes disparaissent, tandis qu’on peut les observer jusque début septembre dans le Midi. Seules ou par petites troupes, elles ont filé vers le Sud.

On sait peu de choses de leur migration qui se fait en ordre dispersé. Elles franchiront la Méditerranée, certaines passeront l’hiver en Afrique du Nord, et la plupart traversent le Sahara, pour hiverner jusqu’au Mali. De septembre ou octobre, elles poursuivent dans les oasis sahariennes, leur arpentage désordonné du sol à la recherche d’insectes.

Identification

  • Nom commun : huppe fasciée.
  • Nom scientifique : Upupai epops.
  • Famille : Upupidés.
  • Ordre : Passeriformes
  • Taille : 26 cm, dont le bec.
  • Poids : de 55 à 80 g.
  • Nombre d’espèces : 1 seule espèce, mais plusieurs sous-espèces, dont une considérée comme « huppe d’Afrique ».
  • Habitat : bocages, taillis, vergers, prairies, cultures, pelouses, dunes, dans les plaines et les vallées plutôt sèches.
  • Régime alimentaire : insectivore, elle chasse insectes et larves au sol.
  • Reproduction : une ou deux nichées de 5 à 7 œufs gris nuancés de brun clair ou pointilles de blanc. La femelle couve pendant 18 jours, les poussins s’envolent à 3 ou 4 semaines.
  • Observation : de mars à septembre, difficile à repérer au sol, très visible en vol, se signale par son chant.
  • Distribution : niche dans toute l’Europe, sauf l’Europe du Nord, et jusqu’en Sibérie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Dans le sud de l’Espagne et en Afrique du Nord, la huppe est présente toute l’année. Ailleurs, elle est migratrice.

Chant de la huppe fasciée