Le bruant zizi, un discret habitant du Midi
Le bruant zizi ne quitte guère l’abri des haies, l’épaisseur des fourrés, et se déplace en volant furtivement le long des feuillages. Il s’en éloigne brièvement pour chercher sa nourriture à terre, sur l’herbe rare des pelouses ou des pâtures piétinées par le bétail. On le surprend également sur les sentiers, les talus, ou au bord des vignes.
En hiver, des bandes de bruants zizis picorent dans les champs, glanant des graines ici et là. Peu farouches, ils se laissent approcher à une dizaine de mètres, avant de s’envoler dans un concert de petits cris métalliques, tzii, se dispersant dans les buissons. Dès février, l’instinct territorial s’affirme avec force chants et querelles : en mars, les couples sont cantonnés, mais la ponte interviendra bien tardivement, fin avril ou début mai.
Brèves fiançailles, longues unions
Les couples se forment sans doute au sein des bandes hivernales, après une parade réduite à sa plus simple expression : avec quelques cris de contact, le mâle et la femelle font mine de picorer au sol, puis le mâle poursuit sa femelle et ne la quitte plus.
Mâle et femelle semblent dès lors inséparables : ils ne sont jamais très éloignés l’un de l’autre. Les couples demeurent unis jusqu’à la disparition de l’un des deux partenaires. Ils se cantonnent au même endroit, ne se déplaçant guère d’une année sur l’autre. Les territoires ne sont pas très vastes, mais parfaitement distincts et fort bien défendus. Le mâle proteste contre tout intrus, lui vole dans les plumes s’il le faut, et s’égosille avec ardeur, donnant au promeneur l’occasion de déceler sa présence, si peu remarquable par ailleurs.
À l’abri des buissons
En mars, les couples inspectent les haies, les buissons d’aubépine, les ronces, ou bien dans les jardins, l’abri du lierre contre un mur ou l’épaisseur d’un thuya : enfoui dans la végétation, à environ 1 mètre du sol, le nid sera parfaitement dissimulé.
Le mâle suit la femelle tandis qu’elle collecte des matériaux, mais c’est elle seule qui construit le nid. Fin avril ou début mai, elle pond 3 à 5 œufs qu’elle couve seule durant 11 à 13 jours. Après l’éclosion, les jeunes sont nourris par les deux parents, sauf en cas de pluie : la femelle abrite alors ses rejetons, au nid, et si les intempéries se prolongent, les allées et venues du mâle ne peuvent suffire à nourrir la famille…
Dispersions, regroupements
Les jeunes s’envolent dès l’âge d’environ 11 jours, mais ils restent dans les parages, dépendant des parents environ deux semaines encore. La femelle les délaisse rapidement, mobilisée par la construction d’un nouveau nid, situé à quelques dizaines de mètres, pour la prochaine couvée : la saison n’est pas finie, il faut en profiter.
Jusqu’en juillet, août, les adultes s’affairent à la nichée. Tandis que les jeunes se dispersent aux alentours du nid, l’été se termine avec une mue post-nuptiale, au cours de laquelle le plumage des adultes se renouvelle entièrement.
En août et septembre, d’autres liens se forment dans les champs alentour, où jeunes et adultes picorent les graines. Tout l’hiver durant, les bruants zizis vivront en petites bandes lâches, se retrouvant pour glaner, se dispersant pour se reposer.
Modeste migrateur
Principalement sédentaire, l’oiseau vagabonde durant l’hiver à distance de son site de nidification, jusqu’à environ 100 km à la ronde…mais en des lieux plus propices, il s’éloigne à peine de son territoire. Les mouvements des migrateurs ne dépassent pas quelques centaines de kilomètres : ainsi, des oiseux de Belgique vont hiverner dans le sud-ouest de la France, des oiseaux du Massif central s’en vont en Espagne, des populations du nord-ouest de l’Italie filent vers le sud du pays.
Il semble même que d’une année sur l’autre, les déplacements soient plus ou moins lointains, en fonction sans doute des conditions météorologiques rencontrées sur les lieux d’hivernage. Dans certaines régions, comme la Crète ou la Sardaigne, les nicheurs de montagne effectuent une migration altitudinale : ils descendent passer l’hiver sur les côtes.