Le grimpereau des jardins, un petit arboricole

Le grimpereau passe l’essentiel de son temps à chercher des petites proies sur l’écorce crevassée des arbres. Son inspection commence près du sol. Il grimpe en spirale le long du tronc, avançant par saccades, et ponctue sa quête de menus cris ou de quelques strophes. Après quelques secondes, quelques minutes tout au plus, le voici arrivé en haut du tronc : il s’envole pour atterrir au pied de l’arbre voisin, et commence une nouvelle ascension.

Un mâle peut ainsi arpenter 250 à 300 arbres par une journée d’hiver. L’inspection est méthodique, mais expéditive : surtout le tronc, souvent les grosses branches, mais non les plus petites, dont l’écorce est moins habitée… Chemin faisant, il déniche pucerons, papillons de nuit, coléoptères, diptères, forficules, chenilles et œufs, araignées, cloportes, myriapodes et petits mollusques. Même en hiver, les proies minuscules abondent sous l’abri des écorces et des mousses, mais l’insectivore grappille parfois, exceptionnellement, quelques graines lors des déambulations.

Un printemps précoce

Dès janvier, les couples se forment ou se renouent et se cantonnent sur un territoire. La cour consiste en poursuites sans fin le long des troncs : le mâle lance des strophes vigoureuses, tandis que la femelle se hâte vers le haut en pépiant. D’un arbre à l’autre, le manège musical se prolonge jusqu’à l’accouplement. L’emplacement du nid sera une cavité ou une fente dans un tronc, parfois un ancien trou de pic, ou un abri derrière un pan d’écorce décollé du tronc, ou encore une anfractuosité dans un mur, souvent entre 2 et 5 mètres au-dessus du sol. Le mâle s’y engouffre et y invite la femelle en criant de l’intérieur. Fin mars, cette dernière entreprend l’édification du nid, le mâle apportant lui aussi quelques becquées de brindille, selon un rituel fort répandu parmi la gent ailée. Vers la mi-avril, au moment où les feuillages « explosent », la femelle dépose 5 ou 6 œufs dans le nid. Elle les couvera seule.

Escapades familiales

Après l’éclosion, les petits sont nourris par les deux parents, à une moyenne de 30 livraisons en une heure. À chaque retour au nid, les adultes se posent un peu en dessous sur le tronc et grimpent assez lentement, mine de rien. Les oisillons se mettent alors à pépier pour réclamer leur becquée d’insectes. Parfois, la cavité où les grimpereaux ont édifié leur nid est assez vaste pour être partagée, et il arrive qu’une famille de mésanges noires s’y installe. Les oisillons des uns et des autres ne s’y trompent pas : ils ne manifestent leur appétit que quand leurs parents entrent au nid, et non quand ce sont les voisins.

Au bout de 16 à 18 jours, les jeunes prennent leur envol, après avoir, comme il se doit, entrepris quelques grimpettes aux alentours du nid. Quelques jours plus tard, ils se dispersent. Une seconde nichée est souvent entreprise, parfois dans le même nid, le plus souvent dans un nouvel édifice proche du premier.

Vagabondages hivernaux

Sédentaires, les grimpereaux vaquent aux alentours de leur territoire de prédilection durant l’automne et l’hiver. Il semble que les jeunes vagabondent plus volontiers. D’août à mars, solitaires, ou en paires, des grimpereaux peuvent se mêler brièvement à une ronde de mésanges, de roitelets, de sittelles, de pouillots véloces, et y côtoyer un grimpereau des bois.

Par les nuits froides, les grimpereaux des jardins, frileux, se rassemblent à plusieurs pour dormir serrés les uns contre les autres à l’abri d’une écorce décollée, avant de reprendre, à l’aube, leur quête furtive et solitaire le long des troncs.

Fiche d'identité

  • Nom commun : grimpereau des jardins
  • Nom scientifique : Certhia brachydactyla
  • Ordre : Passereaux
  • Famille : Certhiidés
  • Taille :  12,5 cm .
  • Poids :  de 7 à 8 g .
  • Nombre d’espèces : 2 espèces en Europe (le grimpereau des bois est plus rare), mais il en existe d’autres dans le reste du monde.
  • Habitat : forêts et bois feuillus ou mixtes avec chênes, parcs et jardins, également présent dans les forêts de pins dans les régions méditerranéennes. Rare ou absent au-dessus de 1000 mètres d’altitude.
  • Régime alimentaire : petits insectes, araignées, cloportes, mille-pattes, petits mollusques, larves trouvées sur l’écorce tout au long de l’année.
  • Reproduction : nid de brindilles plus ou moins abrité dans une cavité. Ponte en avril-mai, 5 à 6 œufs couvés, 15 jours par la femelle seule, jeunes nourris par les deux adultes, envol à 16 jours.
  • Observation : oiseau très discret, mais peu farouche. Plus aisé à repérer en forêt au tout début du printemps, par le chant.
  • Distribution : Europe (hors Grande-Bretagne et Scandinavie), jusqu’en Turquie, Îles de la Méditerranée (sauf Corse et Sardaigne), Afrique du nord-ouest.