Le hibou moyen-duc, un chasseur dans la nuit

C’est au début de la nuit, puis à nouveau quelques heures avant le lever du jour, que le moyen-duc part en chasse. Il survole les prés, les chemins, les clairières des alentours, ou bien, il évolue avec aisance entre les arbres, là où le sous-bois dégagé lui offre un bon terrain de chasse.  Son vol est souple et lent, alternant quelques battements rapides et une glissade, ailes étendues. Il cherche, allant et venant à environ 1 m du sol, silencieux comme tous les rapaces nocturnes. Même dans la nuit noire, il est capable de localiser très précisément sa proie, grâce à son ouïe exceptionnelle et à une vision adaptée. Brusquement, alerté par un bruit infime entre les herbes, le hibou plonge et s’empare d’un campagnol affairé.

Encore du campagnol !
Ce petit rongeur constitue l’aliment principal du moyen-duc. Par temps de pluie ou de vent, ou bien, en hiver quand la neige dissimule les déplacements des campagnols, le moyen-duc cherche d’autres proies. Il capture alors certains passereaux qui dorment en bandes, comme les moineaux, verdiers, pinsons, alouettes…D’un claquement d’ailes sous le corps, le hibou sème la panique chez les endormis, et en attrape un au vol entre ses serres. Toutefois, si le campagnol se fait rare, me moyen-duc se déplace, en hiver, vers un site plus propice.

Un squatteur de vieux nids
Dès le mois de janvier, le mâle lance son appel grave dans la nuit froide. La femelle lui répond et le couple se capitonne sur son territoire de l’année précédente. En mars, c’est la femelle qui choisit le nid, souvent un ancien nid de corvidés. Elle le tapisse de poils de mammifères prélevés dans les pelotes de réjection, puis pond 4 à 7 œufs, à 2 ou 3 jours d’intervalle.

Tandis que le hibou chasse les campagnols pour elle, la femelle couve seule, ne quittant le nid que quelques minutes par jour, le temps de faire sa toilette. Il y aura une différence de taille parmi les poussins, entre le premier et le dernier pondu. Quand tout va bien, tout le monde grandit. Mais si la nourriture se fait rare, les parents nourrissent d’abord les aînés, et les petits périssent.

Quelques boules de plumes
Les 15 premiers jours, la femelle réchauffe les oisillons, couverts d’un épais duvet blanchâtre. Le mâle chasse alors de plus belle, s’aventurant dès la fin de l’après-midi. Plus tard, quitte, les poussins se tournent les uns contre les autres pour se tenir chaud, formant une sorte de pyramide. Vers l’âge de 21jours, les jeunes moyens-ducs, encore tout duveteux, quittent le nid : ils ne savent pas encore voler, mais ils se perchent sur les branches, où leur nouveau plumage homochrome les dissimule dans le feuillage.

Après l’envol, les parents les nourrissent encore quelques temps : ils seront indépendants à environ 2 mois ; Enfin, l’automne venu, les jeunes hiboux s’éloignent et errent à la recherche d’un territoire propice où s’installer pour la vie, ce qui peut les conduire à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de naissance.

Secrets du jour
À la différence des autres rapaces nocturnes, le hibou moyen-duc fréquente ses congénères, l’hiver, surtout quand de mauvaises conditions l’obligent à se déplacer. Une vingtaine de moyens-ducs se regroupent alors, parfois jusqu’à soixante, dans un secteur où ils ont trouvé de la nourriture. La nuit, ils chassent en solitaire, mais pour le jour, ils se reposent à proximité les uns des autres dans un groupe de conifères ou dans un taillis dense.

Perché au cœur de l’arbre, un hibou immobile attend les yeux-mi-clos le retour de la nuit. À quelques mètres de là, un autre fait de même…S’ils ne sont pas importunés, ils reviennent jour après jour au même dortoir. Sous les arbres s’accumulent alors les fientes, et surtout les pelotes de réjection, précieux indices pour l’observateur, qui aura l’élégance, une fois l’oiseau repéré, des rester aussi discret que le hibou aux yeux d’or.


Identification

  • Nom commun : hibou moyen-duc.
  • Nom scientifique : Asio otus.
  • Ordre : Strigiformes.
  • Famille : Strigidés.
  • Taille :  35 cm de haut, envergure de 90 cm à 1 m.
  • Poids : environ 250 g pour le mâle, 300 g pour la femelle.
  • Nombre d’espèces : 16 espèces de chouettes et hiboux (strigidés) en Europe, auquel s’ajoute la chouette effraie (tytonidé).
  • Habitat : bosquets, bordures des forêts, haies denses, petits bois des campagnes, avec une prédilection pour les conifères. Également présent en moyenne montagne.
  • Régime alimentaire : petits rongeurs, principalement des campagnols, mais aussi passereaux, insectes, coléoptères.
  • Reproduction : niche dans un ancien nid de corneille ou d’écureuil. Ponte en mars-avril, 4 ou 5 œufs blancs, couvés par la femelle durant 26 à 28 jours. Nourris 4 semaines, dispersion vers 2 mois et demi.
  • Observation : plus facile à observer en hiver, dans ses dortoirs diurnes. Février-mars est la meilleure saison pour l’écoute nocturne du chant.
  • Distribution : présent dans presque toute l’Europe, sauf le Grand Nird, et jusque dans le  nord de la Chine. On le trouve également en Amérique du Nord.