Le loriot d’Europe, l’oiseau d’or

D’un vol souple, tantôt battant des ailes, tantôt glissant les ailes refermées, l’oiseau trace une trajectoire onduleuse et rapide, qui se termine par une ascension vers l’arbre où il disparaîtra. Cette très brève apparition prouve au promeneur qu’il existe, dans notre avifaune aux parures nuancées, quelques excentriques arborant des tenues voyantes. Mais la disparition de l’oiseau persuade aussitôt le même observateur des vertus de camouflage d’une telle tenue…Tel est le paradoxe du loriot, fort voyant et si peu visible.

Oiseau des feuillages
Le loriot arrive au cours de la deuxième quinzaine d’avril, quand les arbres ont déjà retrouvé leur feuillage. Il s’installe dans un boisement de grands arbres feuillus, mais rarement dans une forêt dense : ce sera plutôt un parc, ou bien un bosquet de peupliers, de bouleaux, de trembles ou d’aulnes, au vallon où serpente quelque rivière.

Dans les sites favorables, les loriots peuvent être assez communs, jusqu’à la fin juillet, c’est dans ce frondaisons propices qu’ils passeront l’essentiel de leur temps, explorant les ramures en quête d’invertébrés : larves, chenilles, mouches, abeilles, araignées, papillons, escargots et toutes sortes de coléoptères, en particulier les balanins et autres phytophages. Fruits et baies complètent largement le menu : cerises, prunes, baies d’aubépine ou de sorbier, figues, framboises, mûres…

Tapage dans les branches
Fin avril, poursuites, appels et sifflements marquent le démarrage du chantier nuptial : les mâles se cantonnent, les couples se forment. Une femelle visite les territoires de plusieurs mâles. À chaque fois, le maître des lieux redouble d’ardeur au chant, puis se met à poursuivre la visiteuse comme une ombre dans son vol désordonné au milieu des frondaisons.

Des poursuites où se mêlent plusieurs mâles peuvent avoir lieu. Quand la femelle a marqué son choix, le loriot reprend son chant de plus belle, aux côtés de sa partenaire. Le territoire sera désormais très surveillé, tandis que s’élabore le futur berceau.

Un nid suspendu
Très haut dans le chêne ou le peuplier, près des bords dansant du houppier, où le vent fait tanguer les branches, c’est là que le loriot bâtit son nid, à une fourche entre deux rameaux d’à peine 1 cm de diamètre, au bout d’une branche horizontale. L’édifice en forme de hamac est soutenu par un faisceau de longues fibres (brins d’herbe ou lambeaux d’écorce de 20 à 40 cm) accrochées aux deux branchettes.

De fins matériaux renforcent la structure et en assurent le confort : fibres de tissu, ficelle ou laine et bouts de papier (attestant le voisinage humain), herbes, feuilles sèches, plumes, mousses, fragments de cocons…Tandis que le mâle chante et contribue à l’apport des matériaux, la femelle les assemble et entrelace pour former l’ouvrage, dont la construction l’occupe durant environ une semaine, jusqu’à 14 heures par jour.

Dans la nacelle
Dès que le nid est prêt, la femelle y dépose ses œufs et les couve. Le mâle surveille le nid quand elle va se nourrir, une à trois par heure. Durant 14 à 17 jours, il ne siffle guère, mais tient activement son territoire et alarme à toute approche. Épervier, geai des chênes, pie ou écureuil sont chassés à grands cris de crécelle, si bien que les nids sont rarement pillés.

Dès leur éclosion dans la nacelle balancée par le vent, les oisillons s’agrippent constamment au fond du nid, afin de ne pas être éjectés sous l’effet de fortes secousses. Ils sont tenus au chaud par la femelle durant leurs premiers jours. Nourris d’invertébrés et de fruits, ils prendront leur envol à l’âge d’environ deux semaines, mais resteront encore au moins deux semaines en compagnie de leurs parents.

Vers la fin juin, les frontières du territoire s’ouvrent aux intrusions des voisins, aux vagabondages de la famille en quête de nourriture. Les chants se font plus rares, mais le bavardage va bon train, maintenant le contact entre individus.

Un tour au soleil
Le départ en migration a lieu de fin juillet à septembre, principalement de nuit. Arrivés dans leurs quartiers d’hiver, les loriots fréquentent les franges forestières, les jardins, les savanes, les haies et vergers d’Afrique du Sud.

Notre oiseau d’or côtoie dans sa recherche de nourriture le loriot d’Afrique, des rolliers, des coucous et des drongos. La remontée vers le nord commence tardivement, à partir du mois de mars. Le retour des loriots se fera remarquer, fin avril aux sifflements des mâles, qui arrivent souvent quelques jours avant les femelles.

Identification
  • Nom commun : loriot d’Europe.
  • Nom scientifique : Oriolus oriulus.
  • Famille : Oriolidés.
  • Ordre : Passeriformes
  • Taille : 23-24 cm.
  • Poids : de 68 à 78 g.
  • Nombre d’espèces : 1 seule espèce dans le Paléarctique occidental, mais cette famille compte de très nombreux représentants dans les zones tropicales d’Afrique et d’Asie.
  • Habitat : boisements denses de feuillus – notamment chênes, peupliers ou frênes-, parcs avec de grands arbres, vergers, boqueteaux, toujours en plaine. Apprécie la proximité de l’eau.
  • Régime alimentaire : insectivore (coléoptères, chenilles, papillons, araignées, mollusques…) et frugivore (cerises, figues, framboises…).
  • Reproduction : nid suspendu à la fourche d’une branche, à grande hauteur. Ponte en mai-juin, 3 ou 4 œufs couvés durant 14 jours. Nourris par les deux parents. Envol 14 jours après l’éclosion.
  • Observation : difficile dans les feuillages. Visibles lorsqu’il vole à découvert.
  • Distribution : niche dans toute l’Europe, sauf au Royaume-Uni, en Bretagne et en Scandinavie ; hiverne dans le sud-est du continent africain.

Chant du Loriot