L’hirondelle rustique, compagne des beaux jours
Contrairement à l’adage, les hirondelles n’annoncent pas le printemps : elles le suivent. Leur arrivée est le signe que la température propice aux insectes, environ 10°C, est bien installée. Par une belle matinée vers la fin mars, un gazouillis retentit en l’air : voici la première hirondelle, glissant comme une flèche vers le ciel. Bientôt, elle va égayer les environs de son chant ronronnant et doux, roulant des trilles quand elle est perchée, zézayant constamment lors de ses allées et venues. Durant toute la belle saison, ce chant devient familier dans la campagne sillonnée par les hirondelles.
Pour cela, les hirondelles utilisent de la boue prélevée au bord des flaques d’eau. Elles se servent de leur bec comme d’une tutelle pour confectionner le nid, glissant sans cesse dans la terre des brindilles qui renforcent la structure. Huit à dix jours de travail incessant sont nécessaires aux deux maçons pour transporter les matériaux et bâtir l’édifice. Le nid, très solide, sera utilisé plusieurs années de suite, moyennant quelques réparations à chaque printemps.
Le spectacle offert par les hirondelles durant les trois semaines d’élevage des jeunes est celui d’incessantes allées et venues en quête de nourriture. En quinze jours, le poids de chaque poussin est multiplié par dix : les parents chassent à un rythme effréné : les petits, postés au fond du nid, poussent des piaillements déchirants et ouvrent démesurément leur bec. Visibles dans l’obscurité, le palais et les bourrelets des commissures, d’un jaune vif, invitent l’adulte à nourrir.
Les premiers jours, le mâle se charge seul du nourrissage, la femelle demeurant au nid pour couver ses petits. À partir du 5 jours, les oisillons n’ont plus besoin d’être réchauffés en permanence, le mâle et la femelle se relaient dès lors pour la chasse aux insectes. À 12 jours, les plumes sont sorties et les jeunes ne sont plus couvés du tout. À environ 21 jours, ils sont prêts à l’envol…
La plupart des couples auront le temps d’effectuer une deuxiè_me ponte et d’élever une autre nichée avant la fin de la saison, quelques-uns arrivant même à trois nichées ![ /wps_accordion_item]
Au-dessus des prairies et des prés, elle happe sauterelles, pucerons, syrphes, tipules et toutes sortes de coléoptères et de papillons : au-dessus des mares et des rivières, elle rase l’eau pour attraper des moustiques, des éphémères, des phryganes, des libellules ou des chironomes. Aux abords des habitations, mouches, fourmis volantes et araignées s’ajoutent à la liste… Par beau temps, la chasse aux insectes est bonne, pourvu qu’il n’y ait pas de sécheresse excessive. Mais en cas de mauvais temps, les gros insectes volent moins, les petits sont rabattus vers le sol. Les hirondelles chassent alors en vol glissé, près du sol et souvent au-dessus des plans d’eau qui concentrent les insectes, évitant battements d’ailes pour économiser leur énergie.
Au mois de septembre, elles se rassemblent en « dortoir ». Par centaines, elles se perchent dans les roselières ou su des fils électriques pour la nuit. Leur nombre les protège des prédateurs nocturnes, l’alerte étant vite donnée. Les jeunes se mêlent aux adultes, ils sont désormais autonomes et capables d’affronter le voyage.
Puis un matin, suivant on ne sait quel signal, elles ont disparu. La plupart des hirondelles parcourent environ 6 000 kilomètres pour rejoindre leur quartier d’hiver. Celles qui nichent en France hivernent principalement en Afrique tropicale et équatoriale (Sénégal, Guinée, Libéria, Côte d’Ivoire). Au-dessus des terres elles accomplissent 200 à 300 km par jour, faisant halte en dortoir. Mais elles rencontrent bientôt une formidable épreuve : la traversée de la Méditerranée, 600 km d’une seule traite à environ 40 km/h, soit 15 heures de vol sans interruption !
Au cours de cette traversée, une tempête ou un coup de fatigue entraînent la chute et la noyade. Beaucoup d’hirondelles meurent, notamment les jeunes oiseaux. Celles qui parviennent sur les côtes africaines ont encore 3000 ou 4000 km à parcourir, dont près de la moitié au-dessus du désert.
Elles sont alors plus ternes. À partir du 15 janvier, les hirondelles repartent. Après avoir affronté les mêmes dangers, les premières abordent l’Europe vers le 15 février, parfois même avant, et remontent vers le nord en suivant l’avancée du printemps.
- Nom commun : hirondelle rustique ou hirondelle de cheminée.
- Nom scientifique : Hirundo rustica.
- Famille : Hirundinidés.
- Taille : 18 cm.
- Poids : 18-20 g.
- Nombre d’espèces : 79 .
- Habitat : pays tempérés à la belle saison, régions tropicales en hiver, champs cultivés, jardins, eaux douces.
- Régime alimentaire : insectivore.
- Reproduction : niche entre avril et juillet, 2 parfois 3 pontes, de 4 à 5 œufs en moyenne.
- Observation : d’avril à octobre.
- Distribution : Eurasie, sauf nord de la Sibérie, Inde, Birmanie, Thaïlande, extrême nord de l’Afrique, Amérique du Nord sauf Floride et extrême nord du Canada.